Pour une vraie stratégie de développement de partenariats publics – privé en Ville et à l’Etat.

Notre région n’arrivera certainement pas à pérenniser et développer ses institutions culturelles avec la seule manne des contribuables. Les défis à relever en matière de rénovation et de construction de nouvelles infrastructures en Ville de Genève, dans les domaines de la culture (Musée d’Art et d’Histoire, Grand Théâtre, nouvelle Comédie) et de l’aménagement de l’espace urbain (plaine de Plainpalais, quai des Eaux-vives) sont considérables.

Des collaborations entre partenaires publics et partenaires privés (PPP) doivent pouvoir émerger pour soulager nos finances publiques. Les PPP permettent non seulement de gagner en efficacité et en qualité grâce au recours à des savoir-faire et des capitaux privés, mais aussi de renforcer le financement par les usagers.

Si l’Etat et la Ville de Genève ont pu évaluer de nombreuses possibilités de partenariats publics privés il est encore à regretter une certaine frilosité à développer une vraie stratégie en la matière. Au surplus, lorsqu’accord il y a (au hasard d’une rencontre entre un élu et un mécène ou sur proposition d’un mécène), il s’avère qu’une fois la conférence de presse passée ou la facture payée, les élus concernés oublient d’entretenir les contacts nécessaires à la poursuite et au suivi du partenariat dans la durée.

Pauvre WILSDORF et pauvre GANDUR !

J’en veux pour preuve :

Financement de la construction de la merveilleuse passerelle des Vernets par la fondation WILSDORF.

Acte 1 : Pagani n’entre pas en matière sur le financement de ce pont, acte 2 : Couper de ruban en fanfare par Pagani, acte 3 : Pagani (encore lui) n’assume pas ses responsabilités suite à la mise en service de la nouvelle ligne de bus Carouge – Cornavin / fermeture d’une voie à la circulation (renvoie la balle au canton alors qu’il ne se fait pas remplacer au conseil d’administration des TPG)

Financement de la rénovation du Musée d’art et d’histoire (MAH) par la fondation GANDUR.

Au moment de voter sur le crédit de rénovation du MAH à hauteur de 127 millions (projet NOUVEL dont 40 millions financés par la fondation GANDUR), notre conseil municipal enterre le projet initial soutenu par GANDUR et sollicite 3 millions supplémentaires pour une étude complémentaire visant à examiner un projet moins ambitieux, en réponse aux éternels bloqueurs conservateurs (les défenseurs du patrimoine).

Heureusement que nos mécènes sont attachés aux projets qu’ils portent…Mais le problème ici est bien qu’il s’agira de ne pas les chasser et d’en convaincre de nouveaux, pour des projets peut-être encore plus ambitieux comme la traversée du lac, la nouvelle comédie, une crèche ou une patinoire mais aussi à plus petite échelle, pour soutenir une manifestation culturelle, financer le mobilier urbain d’une rue…

C’est la raison pour laquelle la Ville et l’Etat doivent pouvoir mettre sur pied une vraie stratégie de développement de PPP (identification des projets porteurs, identification des synergies possibles, identification de potentiels mécènes, etc.), ce qui implique une certaine professionnalisation de cette activité.

Des relations à préserver, dans la durée

Car dans toute convention, les parties s’engagent mutuellement sur le cadre général de la réalisation (délais, apports financier, etc.) et d’éventuelles contreparties (Ex : droit de superficie, appellation de l’ouvrage, prestations, tarification). S’il est vrai que les décisions ultimes relèvent de l’autorité politique, il y a lieu de ne pas perdre de vue les accords en vigueur, d’informer les parties de l’évolution du contexte politique et des projets connexes ayant un impact sur l’ouvrage existant, cas échéant de l’associer aux décisions à prendre sous forme de consultation.

2 exemples de PPP possibles pour soulager les contribuables dans le financement de la Nouvelle Comédie

J’ai notamment à cœur que nous trouvions les moyens nécessaires au financement de la construction de la Nouvelle Comédie sur le site de la nouvelle gare des Eaux-Vives. Une récente visite de la Ville de Madrid m’a emmené sur deux sites où des partenariats avec le privé ont été développés (un ancien théâtre réhabilité en magasin et mention des mécènes engagés dans le soutien continu au Théâtre royal):

C’est pourquoi, je suggère que la Ville examine, en concertation avec l’Etat, la possibilité :

d’une reprise par un privé du site de la Comédie à la rue de Carouge afin de lui offrir de nouvelles perspectives dans le cadre d’une réhabilitation (droit de superficie, location, vente du site). Les recettes engendrées permettraient de soulager le montant d’investissement (vente) ou des coûts de fonctionnement (droit de superficie).  Madrid a par exemple procédé ainsi en mettant à disposition le site d’un ancien théâtre à une grande chaine de vente de vêtements (ci-dessous)

 

 

 

 

 

 

De la mention, à l’entrée de la Nouvelle Comédie, des partenaires privés qui ont contribué à la réalisation de la nouvelle institution (ci-dessous, dans le hall d’entrée du Théatre Royal de Madrid).

Ces deux pistes illustrent bien le vaste champ des possibilités offertes pour soulager nos finances, encore faut-il avoir l’humilité de solliciter des fonds privés et être reconnaissants vis-à-vis de ceux qui aussi sont engagés pour le bien commun.

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